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Le thème de la gratuité est le corollaire de la générosité de Dieu, particulièrement contemplée et commentée dans la tradition franciscaine.
François découvre la générosité de Dieu
Ses biographes ou ses premiers compagnons, insistent sur cette disposition naturelle du jeune homme, la générosité . Après sa conversion, cette disposition naturelle devient vertu chrétienne : il distribue largement argent et vêtements, il en fera autant avec les biens de Bernard de Quintavalle son premier disciple Ce qui retient ici notre attention, c’est le point de départ d’une réflexion théologique qui prend source dans l’expérience spirituelle de François, en prolongement de cette disposition du cœur qui deviendra vertu. Quand François se tourne vers Dieu, après sa conversion, c’est pour reconnaître le Souverain Bien, le Tout-Puissant et auteur de tous les biens. Son adoration, son admiration, ses louanges, son action de grâce sont motivées par cette découverte du Dieu qui répand largement ses dons, en lui-même dans l’amour trinitaire, et au bénéfice de ses créatures. En témoignent les divers écrits de François, surtout ses prières qui s’adressent au Dieu généreux : Tout puissant, très saint, très haut et souverain Dieu, souverain bien, bien universel, bien total, toi qui seul est bon, puissions-nous te rendre toute louange, toute gloire, toute grâce, tout honneur et toute bénédiction ; puissions-nous toujours rapporter à toi seul tous les biens ! Amen.
Pour François, la générosité de Dieu est antérieure à toute autre, puisqu’elle est la cause même de tout ce qui existe. Le souverain Bien ne peut que se donner et donner aux autres la surabondance de son propre bien. C’est pourquoi la prière du petit pauvre énumère avec abondance tous les biens que les créatures reçoivent de l’auteur de toutes choses. Toutes les créatures sont considérées comme des dons, et les créatures spirituelles, anges et hommes sont invitées par François à rendre grâce pour cette générosité de Dieu. La prière la plus significative est le chapitre 23 de la première Règle qui énumère les dons de Dieu en lui-même, dans la création et dans l’histoire du Salut. Il invite toutes les créatures à l’adoration , à la louange et à l’action de grâce : Aimons tous le Seigneur Dieu de tout notre cœur...Il nous a donné et nous donne à tous le corps, l’âme et la vie ; il nous a créés et rachetés ; il nous sauvera par sa seule miséricorde....Il ne nous a fait et ne nous fait que du bien...etc...
L’homme, bénéficiaire de dons gratuits ne peut s’approprier aucun bien. Il se doit d’accueillir tous les dons de Dieu dans la joie, et vis-à-vis de ses frères il se fait le distributeur des biens qui passent par ses mains. La désappropriation, le partage, la pauvreté accompagnent la prise de conscience de la générosité du Père qui a donné toutes choses à ses enfants, pour leur bonheur à tous. C’est pourquoi chacun doit se réjouir davantage du Bien que le Seigneur accomplit dans les autres et par les autres, plutôt que du bien qu’il accomplit lui-même. S’adressant à ses frères prêtres, témoins de l’humilité de Dieu qui se donne chaque jour par leurs mains, dans l’eucharistie, François leur demande : Ne gardez pour vous rien de vous, afin que vous reçoive tout entiers Celui qui se donne à vous tout entier...
La générosité de Dieu, et la gratuité, dans la théologie franciscaine.
Dieu souverain Bien est celui qui se donne souverainement. Cette conviction de François le conduit à contempler d’un seul regard admiratif le mystère même de Dieu-Trinité et celui de la création. Les théologiens franciscains, immédiatement postérieurs à François et qui ont recueilli son esprit, vont reprendre cette conviction et l’exploiter, en en faisant un principe d’unification ou de synthèse de la pensée franciscaine. Ceci est particulièrement visible dans la théologie trinitaire, dans la théologie de la création, de la rédemption, de la grâce et du pardon, pour n’énumérer que les lieux les plus significatifs.
1° -La théologie trinitaire
Elle est basée sur un adage attribué au Pseudo-Denys, un théologien et un mystique du VIe siècle, très en vogue dans la spiritualité monastique : Le Bien, par essence, est communicatif et tend à se répandre. Les théologiens du XIIIe siècle se serviront beaucoup de cet axiome, spécialement pour parler de la création. Mais les théologiens franciscains, surtout Alexandre de Halès et saint Bonaventure en font le fondement de leur théologie trinitaire. Nous pouvons résumer ainsi leur raisonnement : Dans l’ Evangile, Jésus affirme qu’un seul est Bon. Il donne ainsi ce nom à Dieu pour l’identifier à l’Amour, autre nom de Dieu dans le Nouveau-Testament. L’amour est précisément le bien généreux qui tend à se communiquer. Mais l’amour éternel, en la personne du Père ne peut se concevoir que se donnant en plénitude et de toute éternité, au Fils qu’il engendre comme égal à lui-même, à l’Esprit-Saint qui procède du Père et du Fils par un pur amour totalement gratuit. Un amour qui n’aboutit pas au don de soi ne serait qu’amour de soi, pur égoïsme. La révélation que Jésus nous a faite du Dieu-amour nous oblige à accueillir la révélation du Dieu Père, Fils et Esprit-Saint, car nous comprenons ainsi que la production des créatures n’était pas exigée pour assouvir la soif de don de soi du Bien éternel, totalement satisfaite dans le don éternel que les personnes divines se font l’une à l’autre. Ainsi la création nous est révélée comme un don gratuit, totalement généreux, et pourtant en prolongement direct du don éternel que le Père fait de son propre être au Fils et à l’Esprit. En fait, puisque nous existons et que nous faisons à chaque instant l’expérience de notre propre existence, c’est plutôt à partir de nous mêmes que nous pouvons prendre conscience de l’antériorité du Don divin.
Dans son Itinéraire de l’âme en Dieu, Bonaventure souligne cette logique : Le souverain Bien ne serait pas souverain s’il ne se communiquait pas souverainement. Comme la diffusion temporelle du bien dans la créature n’est qu’un point par rapport à l’immensité de la bonté éternelle, il est possible de penser à une diffusion plus grande encore, à savoir celle dans laquelle celui qui se diffuse communique à un autre, en totalité, sa propre substance et sa nature. Donc, le Bien ne serait pas suprême si de fait, il pouvait se passer d’une telle diffusion (c’est-à-dire, la communication de soi aux deux autres Personnes).
Dans une autre œuvre, sur le Mystère de la sainte Trinité, Bonaventure explique que le Père est appelé la source de la vie (Psaume, 35, 10) et que dans un discours de l’évangile de Jean, Jésus a dit : de même que le Père a la vie en lui-même, ainsi il donne au Fils d’avoir la vie en lui-même” (Jn 5, 26). Ainsi le Père peut être appelé, à juste titre” la source de la vie, car il appartient au Père, origine absolue, d’engendrer le Fils et de spirer l’Esprit, or cette fontalité est à l’origine d’une autre fontalité : parce que le Père engendre le Fils et par le Fils spire l’Esprit, Dieu-Père par le Fils et avec l’Esprit est le principe de toutes les créatures. S il n’avait été lui-même l’origine éternelle des personnes divines, il ne pourrait, par elles produire tous les êtres dans le temps.
Sans nous attarder davantage sur cette question, signalons que cette théologie appelle un vocabulaire particulier pour parler de Dieu. Les théologiens franciscains utilisent abondamment les termes de libéralité, munificence, générosité, surabondance, donabilité, gratuité...etc. D’autres y verront un lyrisme ou une inflation verbale, parce qu’ils ne perçoivent pas avec autant d’acuité le mystère de l’amour gratuit et fécond.
2° - La doctrine de la Création
Comme nous venons de le voir, elle ne s’explique que par l’amour surabondant de Dieu qui déjà satisfait en lui-même dans l’échange entre les personnes divines, décide de se communiquer à l’extérieur de soi, c’est à dire aux créatures. Ce sont les créatures spirituelles qui sont les bénéficiaires de cette production généreuse. Elles reçoivent tous les autres êtres comme des dons qui leur sont faits, et c’est la raison pour laquelle elles ne peuvent que se tourner vers Dieu pour le louer, dans l’admiration de ces biens et pour lui rendre grâce. Or applaudir dans la louange, connaître la vérité, jouir des dons ; tout cela n’appartient qu’à la créature raisonnable. Les créatures dépourvues de raison ne peuvent être immédiatement ordonnées à Dieu, mais elles le sont par l’intermédiaire des créatures raisonnables auxquelles il appartient de louer, de connaître et d’assumer librement d’autres biens. C'est pourquoi elles sont aptes à être immédiatement ordonnées à Dieu(Bonaventure).
La générosité du Créateur se vérifie encore dans la surabondance des biens créés, une extrême multiplicité d’êtres, une extrême complexité de conditions, d’espèces, de situations qui ne peuvent que renforcer le sentiment d’humilité de la créature spirituelle, mais aussi sa joie de la découverte, de la louange, de la jouissance et du partage. - Qu’auraient dit alors nos premiers théologiens franciscains s’ils avaient eu quelque idée ou représentation de l’univers en expansion et du monde quasi-infini des espaces sidéraux !
3° - La gratuité, dans l’Incarnation du Verbe divin
Chez bx Jean Duns Scot, théologien de la fin du XIIIe siècle (+ 1308), la théologie de la création est totalement dépendante de sa représentation du mystère du Christ. Dieu prévoit éternellement la création, mais dans la conséquence du don qu’il fera de lui-même à une créature aimée entre toutes et qui pourra plus que toute autre répondre parfaitement à son amour libéral. Cette créature est le Christ-Jésus, voulu et aimé de toute éternité pour être le chef de toutes les créatures. La générosité divine s’exerce avant tout à son égard en le prédestinant, comme créature, à être étroitement unie au Verbe éternel. Et parce que cette créature, du fait de son union au Verbe divin est à elle seule capable de répondre parfaitement à l’amour de Dieu, elle est la première aimée et voulue par Dieu, et toutes les autres sont voulues, en surabondance, en pure gratuité, pour accompagner ce don généreux. En voyant dans le Christ le premier-né de la création, Jean Duns Scot ne fait que se référer à l’Apôtre Paul qui affirme qu’il est celui en qui tout a été voulu et créé, et celui vers lequel tout va. (Col. 1, 15-16).
4° - La théologie de la grâce et du pardon
C’est évidemment le lieu où se vérifie le mieux la générosité-gratuité divine. Il faut signaler que pour les théologiens franciscains, il y a une continuité totale entre la nature et la grâce. En ce qui concerne les créatures spirituelles, on ne peut parler qu’improprement de fin naturelle, comme si à leur fin naturelle qui serait de bien vivre ici-bas, se surajoutait une fin surnaturelle qui serait leur union à la vie éternelle de Dieu. Il n’y a qu’une destinée, qu’une fin absolue pour l’homme, et c’est la communion aux Personnes divines, Père Fils et saint-Esprit. L’amour créateur qui s’exerce continûment sur les créatures les achemine, par pure grâce, vers cette fin voulue éternellement. La distinction entre nature et grâce (on dit aussi la surnature ) ne se trouve que dans l’esprit humain lorsqu’il se tourne vers l’ici-bas. Mais le vouloir divin est toujours pure gratuité dans ses applications. Tout est grâce !.-
La générosité divine n’est pas même mise en échec par les péchés de l’humanité, car l’amour créateur restaure sans cesse nos déviations et nos mauvais vouloir, du moins si nous y consentons. L’apôtre Paul en parlant du pardon de Dieu manifesté dans la passion rédemptrice du Christ a trouvé la formule qui résume ce don divin : Il n’y a pas de commune mesure entre le péché et la grâce... là où le péché abonde, la grâce surabonde (Rm 5, 15, 20). Pour bx Jean Duns Scot, Dieu pouvait nous sauver par un simple décret annulant toutes nos fautes, mais il voulait respecter notre liberté et nous donner la grâce de nous tourner volontairement vers lui. Nous étions tellement déviés et incapables de reconnaître l’amour généreux qui nous offrait son pardon qu’il a fallu donner à l’humanité une preuve indubitable de cet amour rédempteur. En donnant sa vie, le Christ innocent pouvait encore séduire des coupables : C’est pour nous séduire par son amour que le Christ a souffert la Passion et a donné sa vie pour nous ! Cette sentence de Jean Duns Scot nous montre comment il échappe à l’idée, qui a dominé parfois la pensée occidentale, d’une nécessité des souffrances du Christ en compensation du péché qui déshonorait Dieu. Le pardon est un pur amour, une totale gratuité qui vient du Dieu généreux toujours prêt à accueillir le fils prodigue et à lui restituer sa dignité. Alors que nous aurions pu redouter la colère de Dieu, le Christ nous révèle l’amour miséricordieux : si en effet, quand nous étions ennemis de Dieu, nous avons été réconciliés avec lui par la mort de son Fils, à plus forte raison, réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie ! (Rm 5, 10).
Même si la façon d’aborder ces mystères, chez les théologiens d’aujourd’hui, est très différente de l’approche des hommes du Moyen-Age, la volonté de placer la méditation des mystères de la foi sous le signe de la gratuité doit rester une des caractéristiques de la pensée et de la spiritualité franciscaines.
L’action de grâce dans l’adoration et la louange est l’expression naturelle de la prière franciscaine. La gratuité dans l’accomplissement des tâches d’ici-bas et dans le service des autres doit répondre à la conscience que nous avons de la générosité du Père munificent qui malgré nos faiblesses et nos misères, nos ingratitudes et notre méchanceté, ne nous a fait et ne nous fait que du bien.(S. François, 1ère Règle, 23,8).
La pauvreté elle-même quand elle est librement choisie est un hommage à la générosité du Père : « Telle est la grandeur de la très haute pauvreté qui vous a établis, vous mes frères très chers, héritiers et rois du royaume des cieux, vous a faits pauvres en biens terrestres mais richement dotés en vertus. Qu’elle soit votre partage, elle qui conduit dans la terre des vivants. »(S. François, 2e Règle, 6, 4).
Le thème de la gratuité est le corollaire de la générosité de Dieu, particulièrement contemplée et commentée dans la tradition franciscaine.
François découvre la générosité de Dieu
Ses biographes ou ses premiers compagnons, insistent sur cette disposition naturelle du jeune homme, la générosité . Après sa conversion, cette disposition naturelle devient vertu chrétienne : il distribue largement argent et vêtements, il en fera autant avec les biens de Bernard de Quintavalle son premier disciple Ce qui retient ici notre attention, c’est le point de départ d’une réflexion théologique qui prend source dans l’expérience spirituelle de François, en prolongement de cette disposition du cœur qui deviendra vertu. Quand François se tourne vers Dieu, après sa conversion, c’est pour reconnaître le Souverain Bien, le Tout-Puissant et auteur de tous les biens. Son adoration, son admiration, ses louanges, son action de grâce sont motivées par cette découverte du Dieu qui répand largement ses dons, en lui-même dans l’amour trinitaire, et au bénéfice de ses créatures. En témoignent les divers écrits de François, surtout ses prières qui s’adressent au Dieu généreux : Tout puissant, très saint, très haut et souverain Dieu, souverain bien, bien universel, bien total, toi qui seul est bon, puissions-nous te rendre toute louange, toute gloire, toute grâce, tout honneur et toute bénédiction ; puissions-nous toujours rapporter à toi seul tous les biens ! Amen.
Pour François, la générosité de Dieu est antérieure à toute autre, puisqu’elle est la cause même de tout ce qui existe. Le souverain Bien ne peut que se donner et donner aux autres la surabondance de son propre bien. C’est pourquoi la prière du petit pauvre énumère avec abondance tous les biens que les créatures reçoivent de l’auteur de toutes choses. Toutes les créatures sont considérées comme des dons, et les créatures spirituelles, anges et hommes sont invitées par François à rendre grâce pour cette générosité de Dieu. La prière la plus significative est le chapitre 23 de la première Règle qui énumère les dons de Dieu en lui-même, dans la création et dans l’histoire du Salut. Il invite toutes les créatures à l’adoration , à la louange et à l’action de grâce : Aimons tous le Seigneur Dieu de tout notre cœur...Il nous a donné et nous donne à tous le corps, l’âme et la vie ; il nous a créés et rachetés ; il nous sauvera par sa seule miséricorde....Il ne nous a fait et ne nous fait que du bien...etc...
L’homme, bénéficiaire de dons gratuits ne peut s’approprier aucun bien. Il se doit d’accueillir tous les dons de Dieu dans la joie, et vis-à-vis de ses frères il se fait le distributeur des biens qui passent par ses mains. La désappropriation, le partage, la pauvreté accompagnent la prise de conscience de la générosité du Père qui a donné toutes choses à ses enfants, pour leur bonheur à tous. C’est pourquoi chacun doit se réjouir davantage du Bien que le Seigneur accomplit dans les autres et par les autres, plutôt que du bien qu’il accomplit lui-même. S’adressant à ses frères prêtres, témoins de l’humilité de Dieu qui se donne chaque jour par leurs mains, dans l’eucharistie, François leur demande : Ne gardez pour vous rien de vous, afin que vous reçoive tout entiers Celui qui se donne à vous tout entier...
La générosité de Dieu, et la gratuité, dans la théologie franciscaine.
Dieu souverain Bien est celui qui se donne souverainement. Cette conviction de François le conduit à contempler d’un seul regard admiratif le mystère même de Dieu-Trinité et celui de la création. Les théologiens franciscains, immédiatement postérieurs à François et qui ont recueilli son esprit, vont reprendre cette conviction et l’exploiter, en en faisant un principe d’unification ou de synthèse de la pensée franciscaine. Ceci est particulièrement visible dans la théologie trinitaire, dans la théologie de la création, de la rédemption, de la grâce et du pardon, pour n’énumérer que les lieux les plus significatifs.
1° -La théologie trinitaire
Elle est basée sur un adage attribué au Pseudo-Denys, un théologien et un mystique du VIe siècle, très en vogue dans la spiritualité monastique : Le Bien, par essence, est communicatif et tend à se répandre. Les théologiens du XIIIe siècle se serviront beaucoup de cet axiome, spécialement pour parler de la création. Mais les théologiens franciscains, surtout Alexandre de Halès et saint Bonaventure en font le fondement de leur théologie trinitaire. Nous pouvons résumer ainsi leur raisonnement : Dans l’ Evangile, Jésus affirme qu’un seul est Bon. Il donne ainsi ce nom à Dieu pour l’identifier à l’Amour, autre nom de Dieu dans le Nouveau-Testament. L’amour est précisément le bien généreux qui tend à se communiquer. Mais l’amour éternel, en la personne du Père ne peut se concevoir que se donnant en plénitude et de toute éternité, au Fils qu’il engendre comme égal à lui-même, à l’Esprit-Saint qui procède du Père et du Fils par un pur amour totalement gratuit. Un amour qui n’aboutit pas au don de soi ne serait qu’amour de soi, pur égoïsme. La révélation que Jésus nous a faite du Dieu-amour nous oblige à accueillir la révélation du Dieu Père, Fils et Esprit-Saint, car nous comprenons ainsi que la production des créatures n’était pas exigée pour assouvir la soif de don de soi du Bien éternel, totalement satisfaite dans le don éternel que les personnes divines se font l’une à l’autre. Ainsi la création nous est révélée comme un don gratuit, totalement généreux, et pourtant en prolongement direct du don éternel que le Père fait de son propre être au Fils et à l’Esprit. En fait, puisque nous existons et que nous faisons à chaque instant l’expérience de notre propre existence, c’est plutôt à partir de nous mêmes que nous pouvons prendre conscience de l’antériorité du Don divin.
Dans son Itinéraire de l’âme en Dieu, Bonaventure souligne cette logique : Le souverain Bien ne serait pas souverain s’il ne se communiquait pas souverainement. Comme la diffusion temporelle du bien dans la créature n’est qu’un point par rapport à l’immensité de la bonté éternelle, il est possible de penser à une diffusion plus grande encore, à savoir celle dans laquelle celui qui se diffuse communique à un autre, en totalité, sa propre substance et sa nature. Donc, le Bien ne serait pas suprême si de fait, il pouvait se passer d’une telle diffusion (c’est-à-dire, la communication de soi aux deux autres Personnes).
Dans une autre œuvre, sur le Mystère de la sainte Trinité, Bonaventure explique que le Père est appelé la source de la vie (Psaume, 35, 10) et que dans un discours de l’évangile de Jean, Jésus a dit : de même que le Père a la vie en lui-même, ainsi il donne au Fils d’avoir la vie en lui-même” (Jn 5, 26). Ainsi le Père peut être appelé, à juste titre” la source de la vie, car il appartient au Père, origine absolue, d’engendrer le Fils et de spirer l’Esprit, or cette fontalité est à l’origine d’une autre fontalité : parce que le Père engendre le Fils et par le Fils spire l’Esprit, Dieu-Père par le Fils et avec l’Esprit est le principe de toutes les créatures. S il n’avait été lui-même l’origine éternelle des personnes divines, il ne pourrait, par elles produire tous les êtres dans le temps.
Sans nous attarder davantage sur cette question, signalons que cette théologie appelle un vocabulaire particulier pour parler de Dieu. Les théologiens franciscains utilisent abondamment les termes de libéralité, munificence, générosité, surabondance, donabilité, gratuité...etc. D’autres y verront un lyrisme ou une inflation verbale, parce qu’ils ne perçoivent pas avec autant d’acuité le mystère de l’amour gratuit et fécond.
2° - La doctrine de la Création
Comme nous venons de le voir, elle ne s’explique que par l’amour surabondant de Dieu qui déjà satisfait en lui-même dans l’échange entre les personnes divines, décide de se communiquer à l’extérieur de soi, c’est à dire aux créatures. Ce sont les créatures spirituelles qui sont les bénéficiaires de cette production généreuse. Elles reçoivent tous les autres êtres comme des dons qui leur sont faits, et c’est la raison pour laquelle elles ne peuvent que se tourner vers Dieu pour le louer, dans l’admiration de ces biens et pour lui rendre grâce. Or applaudir dans la louange, connaître la vérité, jouir des dons ; tout cela n’appartient qu’à la créature raisonnable. Les créatures dépourvues de raison ne peuvent être immédiatement ordonnées à Dieu, mais elles le sont par l’intermédiaire des créatures raisonnables auxquelles il appartient de louer, de connaître et d’assumer librement d’autres biens. C'est pourquoi elles sont aptes à être immédiatement ordonnées à Dieu(Bonaventure).
La générosité du Créateur se vérifie encore dans la surabondance des biens créés, une extrême multiplicité d’êtres, une extrême complexité de conditions, d’espèces, de situations qui ne peuvent que renforcer le sentiment d’humilité de la créature spirituelle, mais aussi sa joie de la découverte, de la louange, de la jouissance et du partage. - Qu’auraient dit alors nos premiers théologiens franciscains s’ils avaient eu quelque idée ou représentation de l’univers en expansion et du monde quasi-infini des espaces sidéraux !
3° - La gratuité, dans l’Incarnation du Verbe divin
Chez bx Jean Duns Scot, théologien de la fin du XIIIe siècle (+ 1308), la théologie de la création est totalement dépendante de sa représentation du mystère du Christ. Dieu prévoit éternellement la création, mais dans la conséquence du don qu’il fera de lui-même à une créature aimée entre toutes et qui pourra plus que toute autre répondre parfaitement à son amour libéral. Cette créature est le Christ-Jésus, voulu et aimé de toute éternité pour être le chef de toutes les créatures. La générosité divine s’exerce avant tout à son égard en le prédestinant, comme créature, à être étroitement unie au Verbe éternel. Et parce que cette créature, du fait de son union au Verbe divin est à elle seule capable de répondre parfaitement à l’amour de Dieu, elle est la première aimée et voulue par Dieu, et toutes les autres sont voulues, en surabondance, en pure gratuité, pour accompagner ce don généreux. En voyant dans le Christ le premier-né de la création, Jean Duns Scot ne fait que se référer à l’Apôtre Paul qui affirme qu’il est celui en qui tout a été voulu et créé, et celui vers lequel tout va. (Col. 1, 15-16).
4° - La théologie de la grâce et du pardon
C’est évidemment le lieu où se vérifie le mieux la générosité-gratuité divine. Il faut signaler que pour les théologiens franciscains, il y a une continuité totale entre la nature et la grâce. En ce qui concerne les créatures spirituelles, on ne peut parler qu’improprement de fin naturelle, comme si à leur fin naturelle qui serait de bien vivre ici-bas, se surajoutait une fin surnaturelle qui serait leur union à la vie éternelle de Dieu. Il n’y a qu’une destinée, qu’une fin absolue pour l’homme, et c’est la communion aux Personnes divines, Père Fils et saint-Esprit. L’amour créateur qui s’exerce continûment sur les créatures les achemine, par pure grâce, vers cette fin voulue éternellement. La distinction entre nature et grâce (on dit aussi la surnature ) ne se trouve que dans l’esprit humain lorsqu’il se tourne vers l’ici-bas. Mais le vouloir divin est toujours pure gratuité dans ses applications. Tout est grâce !.-
La générosité divine n’est pas même mise en échec par les péchés de l’humanité, car l’amour créateur restaure sans cesse nos déviations et nos mauvais vouloir, du moins si nous y consentons. L’apôtre Paul en parlant du pardon de Dieu manifesté dans la passion rédemptrice du Christ a trouvé la formule qui résume ce don divin : Il n’y a pas de commune mesure entre le péché et la grâce... là où le péché abonde, la grâce surabonde (Rm 5, 15, 20). Pour bx Jean Duns Scot, Dieu pouvait nous sauver par un simple décret annulant toutes nos fautes, mais il voulait respecter notre liberté et nous donner la grâce de nous tourner volontairement vers lui. Nous étions tellement déviés et incapables de reconnaître l’amour généreux qui nous offrait son pardon qu’il a fallu donner à l’humanité une preuve indubitable de cet amour rédempteur. En donnant sa vie, le Christ innocent pouvait encore séduire des coupables : C’est pour nous séduire par son amour que le Christ a souffert la Passion et a donné sa vie pour nous ! Cette sentence de Jean Duns Scot nous montre comment il échappe à l’idée, qui a dominé parfois la pensée occidentale, d’une nécessité des souffrances du Christ en compensation du péché qui déshonorait Dieu. Le pardon est un pur amour, une totale gratuité qui vient du Dieu généreux toujours prêt à accueillir le fils prodigue et à lui restituer sa dignité. Alors que nous aurions pu redouter la colère de Dieu, le Christ nous révèle l’amour miséricordieux : si en effet, quand nous étions ennemis de Dieu, nous avons été réconciliés avec lui par la mort de son Fils, à plus forte raison, réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie ! (Rm 5, 10).
Même si la façon d’aborder ces mystères, chez les théologiens d’aujourd’hui, est très différente de l’approche des hommes du Moyen-Age, la volonté de placer la méditation des mystères de la foi sous le signe de la gratuité doit rester une des caractéristiques de la pensée et de la spiritualité franciscaines.
L’action de grâce dans l’adoration et la louange est l’expression naturelle de la prière franciscaine. La gratuité dans l’accomplissement des tâches d’ici-bas et dans le service des autres doit répondre à la conscience que nous avons de la générosité du Père munificent qui malgré nos faiblesses et nos misères, nos ingratitudes et notre méchanceté, ne nous a fait et ne nous fait que du bien.(S. François, 1ère Règle, 23,8).
La pauvreté elle-même quand elle est librement choisie est un hommage à la générosité du Père : « Telle est la grandeur de la très haute pauvreté qui vous a établis, vous mes frères très chers, héritiers et rois du royaume des cieux, vous a faits pauvres en biens terrestres mais richement dotés en vertus. Qu’elle soit votre partage, elle qui conduit dans la terre des vivants. »(S. François, 2e Règle, 6, 4).
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Pour nous joindre :
7 rue Marie-Rose 75014 PARIS
téléphone : 01 40 52 12 70
télécopie : 01 40 52 12 90
accueil@franciscains-paris.org
La porterie est ouverte
de 8 h 45 à 11 h 45 et
de 14 h 30 à 18 h 30
(sauf le dimanche)
La chapelle est ouverte
de 7 h 30 à 12 h 30
de 14 h 45 à 19 h 30.
8 h : Laudes (dim. 8 h 45)
12 h : messe communautaire
18 h 30 : prière silencieuse
19 h : vêpres
DIMANCHE messe à 10 h 30
Descriptif
Salle Duns Scot
80 m2, jusqu'à 40 personnes. Une salle agréable, d'accès immédiat puisque située au rez-de-chaussée.
Petites salles de réunion
Egalement au rez-de-chaussée, 4 petites salles conviviales pour 4 à 8 personnes.
Salle Saint-Antoine de Padoue
de 100 à 300 m2, avec une scène (jusqu'à 200 places).
Une salle moderne, en sous-sol, avec une vaste scène, un rideau électrique. Une puissante sono, avec micros fixes et sans-fil. Connection internet haut-débit, vidéo-projecteur. L'éclairage permet de diviser la salle en différentes zones, et distingue la scène de la salle. Une salle donc spécialement adaptée aux conférences.
Réservations :
Toutes les réservations se font par écrit après accord du frère responsable,
pour tout contact : salles@franciscains-paris.org
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Salle Duns Scot
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